UNESCO – Délégation permanente de la France

La liberté de la presse c’est notre liberté


Laurent Stéfanini - Ambassadeur de France auprès de l’UNESCO


La liberté de la presse est au cœur du système démocratique indissolublement lié à la liberté d’opinion et à la liberté d’expression.

Comment ne pas commencer par citer l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ? « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement …. ». Ce droit fondamental est mondialement consacré par l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.

De fait, la France a eu très tôt une presse écrite : dès 1611 est publiée régulièrement la première revue, le « Mercure François » devenu le « Mercure galant » de Jean Donneau de Visé puis en 1724 le « Mercure de France » qui n’a disparu qu’en 1965. En 1631 est fondée « La Gazette » de Théophraste Renaudot qui sera par époque quotidienne. Mais il faudra attendre la Révolution française pour que la presse prenne, à Paris, son autonomie vis-à-vis du pouvoir politique et devienne même le principal contre-pouvoir. Avec des reculs (en 1835) et des avancées (en 1881) la liberté de la presse chemine, presse écrite bien sûr à l’époque mais bientôt presse audiovisuelle tout autant, qui saura elle aussi se libérer de la tutelle des autorités politiques à partir du début des années 1980. En renforçant sa liberté et son indépendance, c’est aussi son audience et son poids dans la vie publique qu’elle conforte comme l’annonçait la belle devise du « Mercure de France » au XVIIIème siècle, reprenant un vers de Virgile : « vires acquirit eundo », « la renommée acquiert des forces par sa course ».

Mais cette heureuse situation en France et dans d’autres pays démocratiques est sans cesse menacée ailleurs à travers le monde. On comprendra donc que l’UNESCO, institution spécialisée des Nations-Unies qui a vocation à « construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes », s’en soit rapidement préoccupé.

Sur proposition de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991, l’Assemblée générale des Nations-Unies a fait du 3 mai la « Journée mondiale de la liberté de la presse ». La prochaine se tiendra à Djakarta en Indonésie le 3 mai 2017. A cette occasion, chaque année, est remis le « prix mondial de la liberté de la presse » UNESCO/Guillermo Cano, soutenu par la Finlande et la Colombie, crée par le Conseil exécutif de l’UNESCO en 1997.

Plus récemment, le 16 novembre 2016, a été fondé, à l’initiative de l’Autriche et en lien avec les Nations-Unies à New-York et à Genève, par 29 délégués permanents dont ceux de la France et de la Suisse un « Groupe des amis de la sécurité des journalistes ». Le sous-directeur général de l’UNESCO pour la Communication et l’Information lui apporte tout son soutien.

En 2016, 102 journalistes sont morts dans l’exercice de leur métier, seuls 8 % des assassinats faisant l’objet d’enquêtes sérieuses qui peuvent aboutir aux coupables.

Au-delà, l’UNESCO a une responsabilité primordiale dans la formation des professionnels, l’éducation des jeunes au rôle des médias et l’élaboration des normes dans les pays en transition démocratique ou qui sortent d’un conflit.

Cette semaine de mars, la presse est d’abord en liberté à l’UNESCO. Que sa liberté qui est la nôtre soit reconnue et respectée à travers le monde.